Rencontre avec Olivier, consultant ERP Comarch et passionné par les arts martiaux historiques Européens et la reconstitution historique

Olivier, consultant ERP à Lezennes partage sa passion pour les arts martiaux historiques Européens (AMHE) et la reconstitution historique. Focus sur une, ou plutôt, deux passions peu communes mais fascinantes.

Olivier, peux-tu nous expliquer en quoi consiste l’AMHE et la reconstitution historique, deux passions qui t’animent ? 

L’AMHE, acronyme pour « Arts Martiaux Historiques Européens » est une activité sportive et culturelle qui ne dépend pas de la fédération du sport mais bien de celle de la culture. Il s’agit d’essayer de reproduire un geste martial historique en se basant sur des sources précises. 

La reconstitution historique n’a pas le même objectif. Son but est de tenter de reproduire des techniques, des gestes, des façons de vivre de l’époque médiévale, que ça soit pour, par exemple, fabriquer une tenue civile ou militaire, une recette de cuisine ou encore une boisson médiévale.

J’ai eu l’opportunité d’allier les deux.

Comment as-tu été initié ?

J’ai démarré avec l’AMHE. Un jour je me suis tout simplement acheté une épée longue – c’est une chose que je voulais faire depuis longtemps et j’ai trouvé des livres pour apprendre comment la manier. Pour aller plus loin j’ai trouvé une association que j’ai rejoint qui s’appelle le REGHT. Cette association propose des apprentissages du maniement de plusieurs armes : épée longue, épée bouclier… et même de la lutte. J’ai donc démarré par l’épée longue qui trouve sa source dans les écrits du 15ème siècle et je l’ai pratiqué pendant 3 ans. Je pratique l’épée longue de Johannes Liechtenauer, un maitre d’arme allemand. Je tente depuis une année l’épée bouclier du 13ème siècle. D’ici 1 an je compte me former pour devenir instructeur d’épée bouclier.

J’ai toujours été attiré par l’histoire mais je ne m’y suis jamais autant intéressé et investi que maintenant. Dans ma région natale, l’Oise, chaque ville, voire même chaque village a son château, l’un des plus renommé étant le château de Chantilly ou encore le château de Pierrefonds.

La rencontre avec de véritables passionnés dans le contexte de l’AMHE et de la reconstitution m’a énormément appris. J’ai mis le doigt dans un engrenage qui lorsqu’on est curieux peut vite devenir chronophage.

Y ‘a-t-il des prérequis pour se mettre à l’AMHE ?

Non, c’est accessible de 16 à 77 ans. Avant 16 ans, ça n’est pas autorisé car cela implique le maniement d’une arme. C’est encadré. C’est un sport où il faut pas mal de coordination entre les pieds et les mains. Ayant fait 9 ans d’escrime ça aide, mais ça n’est pas un passage obligé. On y retrouve les mêmes valeurs, la même dynamique. En fait, l’AMHE permet d’apprendre l’ancêtre de l’escrime olympique actuelle.

En ce qui concerne la reconstitution historique, Il y a des risques car ce sont de vraies armes qui sont au départ pensées pour tuer. Il faut donc bien se protéger. Dans le cadre de la reconstitution par exemple, le soldat moyen est à visage découvert, si les coups ne sont pas contrôlés cela peut être dangereux. 

Fais-tu de la compétition ? 

Cela existe mais ça n’est pas mon objectif ! Dans le contexte de la reconstitution historique je fais des tournois. Je suis équipé en vêtements militaires comme à l’époque et il y a des tournois « à la touche » dans une lice (palissade qui entoure une arène).

Comment t’équipes-tu ?

Le plus souvent sur Internet. Il faut faire attention pour les vêtements côté reconstitution historique car il y a beaucoup de sites qui vendent des produits liés aux jeux de rôle grandeur nature, et donc plutôt bercés dans le médiéval fantastique, mais ça n’est pas du tout la même chose ! Il y a une période précise dans la reconstitution que je pratique, cela se situe entre 1360 et 1410. C’est une période importante pour la mode car beaucoup de choses changent : il y a les premiers caleçons, les vêtements se raccourcissent…

Pour ce qui est du matériel de l’AMHE, il s’apparente à celui de l’escrime, c’est le même pantalon et les chaussettes hautes. Il faut aussi s’équiper d’un masque avec la grille comme les escrimeurs, une veste et des gants. On peut les trouver sur des sites spécialisés.

Quel est le dernier évènement auquel tu as participé ?

J’ai participé à un événement qui regroupait 200 personnes. Je suis adhérent d’une association qui reconstitue des camps. On monte le camp, on fait des activités, des tournois, le tout au cœur d’une fête médiévale.

J’ai aussi fait des reconstitutions de bataille. La dernière en date a eu lieu au château de Franchimont près de Liège. Les reconstitutions se font plutôt selon les fêtes médiévales que dans un lieu où historiquement il y a eu une bataille ou un camp. Tout dépend si l’on a un objectif de reconstitution ou une visée pédagogique.

Que t’apporte la reconstitution historique ?

L’ambiance ! C’est vraiment vivre l’aventure. Participer à un tournoi, comme à l’époque médiévale, m’entraine dans une ambiance particulière, une autre époque. C’est un voyage !

Combien de temps cela te prend par semaine ? 

Je pratique l’AMHE tous les mardis à raison de 3h par semaine et le dimanche matin pendant 5 heures. Mais pendant 5 heures on ne fait pas que du combat. Il y en a bien sûr, mais on cherche des sources pour découvrir des enchainements ou on travaille sur la mise en place du campement. Il y a aussi l’élaboration de la tenue : ça m’a permis d’apprendre à coudre !

J’apprends beaucoup, coudre par exemple, mais aussi l’histoire. Etant au contact de passionnés ils transmettent beaucoup et nous avons dans l’association ce qu’on pourrait appeler un « consultant histoire » qui peut nous mettre en contact avec de véritables historiens. C’est grâce à cela que j’ai pu apprendre à réparer une cotte de maille.

Quel est ton prochain rendez-vous avec l’histoire ?

Les 8,9 et 10 juillet, il y a une grande bataille à Compans en Seine et Marne qui regroupe 250 personnes. Le 24 et 25 juillet je serai présent à la fête médiévale de Saint Aybert.

J’ai un personnage lors des reconstitutions. Je suis le Lombard. Ce personnage a une histoire car il est inspiré de ma ville natale Senlis et de faits réels. Les lombards étaient de faux monnayeurs assez présents à Senlis. Quand il y a un tournoi je suis le lombard et cela me permet d’avoir une crédibilité.

Un conseil pour ceux qui souhaitent aller plus loin ?

Il faut analyser ce que l’on veut faire car il y a beaucoup de disciplines qui sont très différentes. Si on veut faire un sport qui ressemble à de l’escrime alors il faut s’orienter vers l’AMHE, si on recherche le contexte historique, il faut opter pour la reconstitution. Si on cherche le roleplay il faut tenter le GN, si c’est simplement se battre, dans ce cas, le béhourd est tout indiqué.