Rencontre avec Rémi, chef de projet chez Comarch passionné de cyclisme

Il a intégré Comarch en tant que stagiaire en 2017, et occupe désormais un poste de chef de projet au sein de nos bureaux de Lezennes. Aujourd’hui, on discute avec Rémi, passionné de cyclisme.

Ta passion à toi, c’est le cyclisme. Quand et pourquoi as-tu commencé ce sport ? Et avant le cyclisme, as-tu pratiqué d’autres sports ?

Au début, j’ai commencé avec le foot. Je suis plutôt issu d’une famille de footeux. Mon grand-père était joueur au RC Lens, avant d’être entraineur de l’équipe jeune. Je me suis très vite rendu compte que le foot, ce n’était pas pour moi, je n’étais pas bon (rires). J’ai décidé d’arrêter à l’âge de 12 ans, et je me suis donc rapidement tourné vers le vélo. En fait, depuis que j’étais tout petit, mon père m’emmenait voir les courses cyclistes du coin : le Tour de France quand il passait dans le Nord, le Paris – Roubaix, des petites courses régionales etc. C’est comme ça que j’ai découvert ce sport. Pendant environ 3 ou 4 ans, je n’ai pas fait de compétition, je faisais simplement des kilomètres.

Quand et comment as-tu démarré la compétition ?

J’ai démarré la compétition en catégorie cadet, à l’âge de 15/16 ans. Au début c’était très difficile. Je me suis retrouvé face à des mecs qui faisaient du cyclisme et de la compétition depuis les catégories jeunes, donc déjà depuis 5 ou 6 ans. Moi je n’avais aucun rythme. J’avais les kilomètres mais pas le cardio. Surtout que chez les cadets, les distances de course sont relativement faibles, environ 60 kilomètres. Le départ se faisait en sprint, et je me souviens que lors de mes deux premières courses, dès le départ j’étais largué. Mais je me suis accroché et d’année en année je commençais à avoir un bon niveau.

Peux-tu nous expliquer comment un cycliste passe d’amateur à professionnel ?

C’est un peu le même esprit que dans les autres sports. Soit on est très talentueux, et on se fait rapidement repéré par les grosses équipes. Sinon, il faut beaucoup travailler et faire ses preuves dans les différentes divisions. Il est alors possible de passer en catégorie Elite, ce qui correspond au niveau semi-professionnel. Si tu fais de bons résultats en semi-pro, tu peux alors intégrer une petite équipe professionnelle.

Tu as toi-même pratiqué le cyclisme à haut niveau, peux-tu nous raconter cette période ? En quoi est-ce que cela a chamboulé ton quotidien ?

J’ai été jusqu’au niveau juste avant la catégorie Elite, donc juste avant le niveau semi-professionnel. Cependant, ça m’arrivait régulièrement de courir face à des semi-pros voir des pros sur certaines compétitions, notamment en Belgique.

J’étais à mon meilleur niveau lorsque j’étais en école d’ingénieur à Calais. Je courais en catégorie Espoir (18 à 22 ans). J’ai choisi l’école de Calais car elle me permettait d’avoir un statut de « sportif ». Avec ce statut, je pouvais moduler un peu mon emploi du temps pour pouvoir m’entrainer. A l’époque, je faisais environ 25 heures de vélo par semaine. En plus de ça, l’environnement de Calais était propice à mon développement. Il y avait du plat, des bosses et c’était simple de sortir de la métropole.

J’avais un rythme de vie très carré. En hiver, je me levais à 8h et j’allais tout de suite en cours. Grâce à mon statut particulier, j’avais mes après-midis de libre pour rouler. Sinon, je me levais à 6h en été, je partais faire une petite sortie de 2 ou 3 heures, et j’allais en cours derrière.

Qu’est-ce que cette expérience t’a apporté ?

C’est une expérience qui m’a apporté beaucoup de choses. Tout d’abord, une excellente hygiène de vie. De la persévérance aussi. De savoir que quand tu commences quelque chose de nouveau, tu vas forcément prendre des casseroles et ne pas tout réussir du premier coup. Mais qu’en travaillant dur et avec du temps, tout est possible. Il n’y a pas de secret, il faut travailler.

Quelle sensation est-ce que tu ressens quand tu es sur ton vélo ?

C’est différent si tu es en sortie tout seul ou en compétition. Quand je sors tout seul pendant 3 ou 4 heures, ça me permet de me retrouver avec moi-même. Je suis au milieu de la nature, dans un environnement agréable, il y a un vrai sentiment de liberté. Souvent quand on roule, on pense et on réfléchit beaucoup. Personnellement, le plus souvent, je pense à mes problèmes (rires).

En compétition c’est différent. En semi-pro et en pro, il y a beaucoup de stratégie d’équipe. Il faut être concentré, car c’est un jeu d’équipe. Moi à mon niveau, la plupart du temps j’étais plus dans un rôle d’électron libre. Je n’avais pas de stratégie, je roulais plus à l’instinct. Par contre, je n’ai jamais été attentiste, j’ai toujours emmené les autres avec moi, j’ai toujours pris mon relais. Ce qui m’a souvent porté préjudice d’ailleurs.

En moyenne, sur une semaine, combien de kilomètres fais-tu à vélo ?

Aujourd’hui, je n’en fais plus beaucoup, pas plus de 200 kilomètres. Le samedi ou le dimanche je fais une sortie de 80 à 100 kilomètres, et le reste ce sont les allers-retours au bureau.

A mon plus haut niveau, je roulais 25 heures par semaine en période préparation. En période de récupération je ne roulais pas plus de 15 ou 16 heures par semaine.

Ton meilleur souvenir sur un vélo ?

J’en ai pas mal, mais je pense que c’est lorsque j’ai couru en Coupe de Belgique Espoirs face à des pros, notamment des coureurs de la QuickStep. Le niveau est plus élevé, parce que tu es face à des pros, mais j’ai réussi à tenir toute la course et à suivre le rythme.

Et le pire ?

C’était en sélection régional, lors du Tour des 2 Caps. C’est une course sur 3 jours, fin avril, avec 3 étapes et un contre la montre. A la première étape, les conditions étaient difficiles, il y avait du vent et il faisait froid. D’habitude ce sont des conditions que j’aime bien. Mais là, dès les premiers kilomètres j’ai eu de mauvaises sensations. Au bout de 50 kilomètres j’étais déjà à 2 minutes du peloton. J’ai quand même tenu à finir l’étape, qui faisait 140 kilomètres, en espérant me rattraper les jours suivants. A l’arrivée, je devais être à 20 minutes du vainqueur.

Le lendemain matin, c’était le contre la montre. Ce n’est pas mon épreuve favorite, mais je pensais pouvoir être dans le top 20. Là je me prends encore une casserole, je suis trop loin. Alors je décide d’appeler mon entraineur personnel pour lui faire part de la situation. Il me dit tout de suite d’abandonner, et d’aller passer des examens médicaux. La prise de sang a révélé que j’avais des carences en fer et d’autres trucs. Une semaine après j’attrapais une maladie avec un herpès. Souvent dans le cyclisme, quand tes performances chutent, c’est que physiquement il y a quelque chose.

Qui sont les cyclistes qui t’inspirent, et pourquoi ?

Quand j’étais très jeune, c’était Alexandre Vinokourov. J’adorais sa façon de courir. C’est un vrai guerrier, toujours à l’attaque et qui ne lâche rien.

Après, bien que je ne l’aie jamais apprécié, et malgré tout le mal qu’il a pu faire au cyclisme, je pense que Lance Armstrong a beaucoup apporter à ce sport. C’est notamment lui qui a apporté la science au vélo, sur tout ce qui est aérodynamisme, la science de l’entrainement, la qualité du matériel utilisé etc. Avant lui, c’était plus « à l’ancienne ».

Après j’ai toujours apprécié les coureurs qui avaient le même profil que moi, c’est-à-dire les coureurs de Classique : Tom Bonen ou encore Fabian Cancellara.

Un pronostic sur le vainqueur du Tour de France 2020 ?

En tant que français, j’aimerais beaucoup que ce soit Thibault Pinot. Je pense que ce tour est fait pour lui. Mais au final, c’est Christopher Froome qui gagnera

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut se lancer dans le cyclisme ?

Pour la pratique en tant que loisir, je dirais qu’il faut juste se faire plaisir, faire des kilomètres encore et encore.

Pour la compétition, il faut y aller à tâtons, et ne pas se dégouter du vélo. Car les premières compétitions seront difficiles. Il existe deux fédérations, l’UFOLEP et la FFC. Moi j’ai commencé dans la FFC, où le niveau est plus élevé. Donc tu te retrouves plus souvent face à des mecs qui font du vélo depuis plusieurs années. Et souvent, le père ou le grand-père était déjà cycliste, donc ils connaissent les tactiques etc. Quand tu es nouveau, tu n’as aucun repère, aucune connaissance. Donc il ne faut pas avoir peur de jouer des coudes dans le peloton, ou encore prendre des risques dans les virages. Il faut aussi se former pour bien connaitre le matériel. Les débuts sont très durs. C’est un sport qui n’est pas encore très démocratisé, souvent on ne se représente que le Tour de France, alors que chaque jour dans le monde il y a au moins 2 à 3 courses.